Septembre 2017 : rentrée et bonnes résolutions
Septembre. Le mois de la rentrée. Qui revient tous les ans à la même époque (si, si, vous pouvez vérifier). Septembre et son lot de bonnes résolutions…
À l’école
La rentrée, disais-je. Scolaire tout d’abord. L’examen de passage annuel du Ministre de l’Education Nationale, a fortiori quand le portefeuille vient de lui être confié. Laissons de côté la polémique stérile de l’an dernier, qui attribuait à tort une réforme de l’orthographe à Najat Vallaud-Belkacem, lorsque seule l’Académie Française est en mesure d’initier un tel mouvement. En revanche, il est vrai que les manuels scolaires ont intégré l’an dernier (seulement ???) les préconisations de la réforme de 1990, d’où la confusion et le mauvais procès intenté à la ministre.
Jean-Michel Blanquer, le nouvel occupant du ministère de la rue de Grenelle, veut donner, je le cite, la priorité à la maîtrise des fondamentaux dès le plus jeune âge, à la maternelle notamment : le vocabulaire, la conscience phonologique, voire pré-grammaticale… donc le langage, qu’il faut installer par tous les moyens pédagogiques mis à la disposition de la maternelle : le jeu, la musique, le plaisir, etc., l’objectif étant que tous les élèves sortant du CP sachent lire, écrire et compter. Dont acte. Il n’est pas le premier à appeler de ses vœux cette refondation. D’autres avant lui l’ont souvent évoquée, sans résultats probants à l’arrivée. Il suffit de constater la dégradation lente mais régulière de l’orthographe des bacheliers accédant aux études supérieures.
Accordons au nouveau ministre un a priori favorable et jugeons son action a posteriori à l’aune des résultats constatés dans une douzaine d’années. Dans l’intervalle, comment traiter la question ?
Dans les écoles et les universités
Beaucoup d’universités et d’écoles d’ingénieurs et de commerce ont pris le problème à bras-le-corps en proposant à leurs étudiants des programmes de remise à niveau. Parfois même en leur accordant un crédit ECTS sur ce sujet spécifique. Les progrès semblent significatifs. Une étude du CNRS, intitulée : « Faut-il encourager les étudiants à améliorer leur orthographe ? », menée entre 2011 et 2014 auprès de 849 étudiants en économie et gestion des Universités de Paris-Créteil et de Lille 1, et publiée en mai dernier, démontre que progresser dans la maîtrise de la langue française influe positivement sur les résultats universitaires des étudiants « dans les disciplines aussi bien littéraires que scientifiques ». « Une bonne syntaxe, une bonne grammaire et une bonne orthographe aident à bien comprendre l’énoncé d’un problème de mathématiques, comme elles aident à le résoudre », résume Yannick L’Horty, professeur des universités et coauteur de cette étude du CNRS.
Dans l’entreprise
Et dans l’entreprise, faut-il encourager les salariés à améliorer leur orthographe ? La réponse ne vous surprendra pas. Évidemment !!! Pour les mêmes raisons que dans le domaine des études. Si parler le même langage est un facteur de meilleure appréhension des problématiques posées, de compréhension mutuelle et de communication aboutie, l’écrire l’est tout autant. Et pour écrire le même langage, il faut en maîtriser les règles, les usages, les conventions et les bonnes pratiques. Le langage maîtrisé est aussi un vecteur d’intégration, voire d’ascension sociale et professionnelle. C’est une aspiration légitime pour un manutentionnaire ou un agent d’entretien de vouloir devenir responsable d’équipe, pour un fonctionnaire de viser le poste de chef de bureau ou de service, pour un contrôleur de gestion de briguer la direction de son département. Mais au-delà de leur expérience et de leurs compétences « techniques » avérées, leur légitimité passera aussi par la bonne tenue de la communication vers leurs équipes, leur hiérarchie et tous leurs contacts extérieurs. Si l’expression orale ou écrite n’est pas à la hauteur, la crédibilité personnelle sera affectée, et l’image de l’entreprise quelque peu écornée.
Je vous concède bien volontiers que, si les fondamentaux du socle de connaissances étaient aujourd’hui des acquis solides au sortir du cycle scolaire, les entreprises n’auraient pas à se préoccuper de ce sujet…ou alors à la marge. Pour l’heure, il n’en est rien. Aussi la question est-elle prégnante dans le monde du travail actuel, plus communicant que jamais.
Septembre : le mois des bonnes résolutions
Heureusement, septembre est le mois de la rentrée. Les entretiens annuels d’évaluation doivent être achevés. Plan et budget de formation 2018 seront dans quelques semaines à l’ordre du jour. A l’instar des établissements de l’enseignement supérieur, les entreprises doivent davantage intégrer la question des écrits professionnels en général, et de l’orthographe en particulier, dans les priorités à prendre en compte. C’est en tout cas ma proposition de résolution pour cette rentrée 2017.